• Mots

     

     

     

     

     

     

    Les mots violoncelle les mots mouvants

    Les mots nos deux arts qui se mêlent accords perdus

    S’emmêlent tes mots dans ma vie

    Les mots qui s’échangent si bien qui se donnent se révèlent se réveillent enchantés de rencontrer un écho familier

    Etonnés,  rassurés de tous ces possibles retrouvés tous ces mots

    Les mots de tes yeux,  ceux que je n’ai pas entendus

    Les mots du calme du zen du silence des sourires

    Les mots -relation

    Les mots-attente,

    Soignants…

    Bord de mer vélo cheveux dans le vent

    Les mots on ira

    Les mots voudrais-tu les mots pas sages les mots naufrages

    Les mots j’aimerais bien

    Les mots ça me ferait plaisir

    Les mots-projets

    Les mots futur partage, tu verras !

    Les mots tombés à l’eau

    Les mots ne sont que des mots pour des mots, même si les yeux dans les yeux…

    Les mots je ne les croyais pas

    Les mots je le savais déjà,  les mots morts…

    Et moi,  l’émoi de ton corps sans mots sans voix et moi qui guettait qui tendait l’oreille pour te deviner te nommer te savoir

    Mot à mot,  bouche à bouche, corps à corps notre progression était lente  mais d’âme à âme je savais bien moi que tes mots emballés n’exaltaient que ta fuite en avant

    Les mots soufflés sur ta peau lisse, j’aurais voulu les griffer dans ton dos mais elle était là et observait mes mains, jalouse, et guerrière, louve tapie dans l’ombre de ta vie, je n’ai pas pu…

    L’écran des mots l’interface des mots, les mots-filtres de la réalité les mots sont des ballons envoyés dans l’azur

    Des mots des possibles, des sans-but,  des chimères, des rêves à peine esquissés,  pastels trop légers,  aquarelles délavées, déjà lavée à peine éclos…

    Les mots vagabonds perdus par-delà ton âme…qu’en ferais-je de ces va-nu-pieds, ces nomades qui se perdirent hors de toi le temps d’un rêve éveillé… dis-moi, maintenant, qu’en ferais-je ?

    Des confettis…explosion de couleurs, mille et une lettres déchirées fendues lacérées… ?

    Un feu de joie pour des mots de paille ?

    Un coffre blindé pour des mots sans risque ?

    Les mots- relais de ce que nous sommes un jour, incertains, vacillants, les mots-sûrs, les mots trop mûrs, déjà trop tards, les mots dansons sous la lune…

    Toi, pantin de plume et d’acier, danse sur les mains sous les rayons de lune, esquisse ta silhouette mouvante  dans la nuit brune, et que les derniers mots te soient mouvement vers l’avenir…

    Dansons sous la lune, mon…

    Les mots filent, hémophiles, les maux restent, et moi je mots dits...

    2012


    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Le soleil avait disparu. Il  avait disparu à l’horizon, sans jamais avoir cessé de s’esquiver, finalement.

    Oh, ça avait mis pas mal de temps.

    Il avait retiré ses billes, une à une.

    Oublié de téléphoner, manqué un rendez-vous, perdu une date, négligé de prévenir……

    C’était un taiseux qui se taisait très bien. Une montagne de silence, sa montagne tellement arpentée.

    Elle avait fini par se sentir seule, par se sentir malade d’eux-mêmes. Ils s’étaient perdus l’un et l’autre, au même moment, parallèlement.

    Alors il avait pris la petite porte, sept jours de voyage, quelques petits messages, juste le temps d’entrevoir l’apaisement. Puis ces quatre lignes-araignée sur la Toile envoyées pour tout clap de fin après deux ans d’histoire.

    Le choc avait été rude. Non pas les sentiments niés, non pas le vide sous les pieds, non, pas ça. Plutôt se dire que l’amour, finalement, ne vaut pas plus cher que ça. Quatre lignes déroulées sur un écran livide.

    Alors elle avait remballé les siennes, de billes, des plus jolies aux plus laides, sans trier, juste ramasser le tout et le plonger dans le noir, elle avait emballé ses affaires, à lui, et tout descendu dans l’ombre de la cave.

    Ne plus voir. Ne plus sentir. Ne plus entendre.

    Il lui avait fallu une semaine pour tout pleurer, tout, le masculin, le viril, les doigts pleins de confitures, les filles turbulentes, les petites maisons bien à l’abri et cette impression d’avoir toujours été une clandestine dans sa vie.

    Tout tenait dans un sac et dans une semaine.

     

    C’est là que les points de suspension avaient commencé. Une semaine après.

    juin 2015


    2 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

    Je regarde, arquée

    Les rives de tes lèvres, tanguer

    Aux secousses des mots, livrés

    Sans pudeur à mes yeux fascinés.

     

    Tu ne sais pas, ou tu sais

    L’infini de nous deux, dansé

    Sur la voûte des rêves, lavés

    De détresse passée.

     

    Belle en blanc, habillée

    Reste et viens, colorer

    De teintes vivantes, bariolées 

    L’infortune des jours, délavés.

     

    mai 2015


    3 commentaires
  • « Le froid de la matière, la dureté de la pierre, ce pilier qui s'écroule, le désespoir des fondations branlantes, enserrer la roche, se pétrifier, les yeux clos, le visage bas. Se retenir pour ne pas s'écrouler, devenir la pierre pour ne pas se liquéfier, être au pied des ruines, n'être plus qu'un fragment de soi. Ne plus rien voir que son intérieur déchiré. »

     

    « Avant de sombrer sentir son regard bienveillant.

    Ouvrir les yeux et la voir enfin.

    Il était temps. »

     

    « Petit à petit la roche devient moins dure, les yeux s'entrouvrent. L'air se fait plus vif, la vie revient. Je sens sa présence, elle m'entoure. Mes mains tremblent de ce sentiment si fort. »

     

    « Secoue ton manteau de poussière,

    Il fait trop chaud en Espagne,

    Ces fragments de roche, cette pierre,

    C'est du passé qu'ils témoignent.

    Nous arpenterons des heures entières

    L'asphalte, les pavés, le sable

    Nous chercherons des nuits entières

    Dans la chaleur de Barcelone

    Le mystère des jardins de Babylone,

    Je veux apprendre

    De la moiteur de nos corps nus

    Et, au creux de mon oreille tendre

    T'entendre... »

     

     2009


    votre commentaire
  • Confitures

     

     

     

     

     

    Nous avions ramassé les fruits noirs et j’avais râlé un peu. Les buissons égratignaient et je n’étais pas aussi douée que lui pour aimer la nature.  Ça me flanquait toujours le bourdon, ce détail.

    Fin d’été. Le soleil chauffait les fenêtres et malgré le grand jour dehors, il avait allumé les lumières.

    La pièce était baignée de jaune. Il me fallait toujours un temps pour passer du livide de la ville à l’ambré de sa cuisine.

    Il tournait la cuillère en bois dans le baquet de cuivre. La flamme bleue caressait le cul du récipient, des bulles soulevaient la masse sombre à l’intérieur et venaient éclater dans un bruit mat.

    Les mouches s’aventuraient autour du baquet, nombreuses, folles du sucre qui flottait dans l’air. Elles étaient  agressives, piquaient de ne pouvoir se poser sur la jatte fumante. 

    Il ne les chassait pas : il tournait la cuillère en bois.

    Les pots étaient prêts, posés sur le comptoir, sur un torchon. J’avais posé mes coudes entre deux tâches poisseuses, et goûtais les effluves qui me parvenaient.  Il offrait son dos à mon regard, et je considérais sa largeur. Mes doigts me piquaient  de ne pouvoir se poser sur son cou où bouclaient ses cheveux humides. Il fallait pourtant simplement être là, et attendre.

    Il s’est retourné et m’a offert le doux miel de son sourire.

    « Ça va ? », il a demandé. Je crois bien qu’il suçait ses doigts quand il a dit :

    « C’est important de faire des confitures. »

     

    février 2015


    5 commentaires