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Par Muse Thalie le 17 Septembre 2014 à 21:40
Am, stram, gram ,
Que les ondes m’emportent ! J’en reste assise sur mon fondement : on devrait se méfier des mots trop coulants. Je ne pensais pas qu’un amour si suave puisse être aussi fourchu qu’un micocoulier.
Pic et pic et colegram,
Ça me pique de partout mille aiguilles aiguisent mon intuition avec une logistique imparable : un coup je te plante là, un autre je te darde ailleurs…la barbe. Ça repousse toujours, quoiqu’on fasse.
Bour et bour et ratatam,
Tu t’agites en moi et mon esprit a oublié de se déconnecter de ses neurones. J’ai l’entendement trop assidu. La raison accrochée à mon cerveau primaire, j’ai beau essayer de me fondre entre tes cuisses et tâcher de boire la tasse orgasmique comme il se doit, tel un sémaphore déchaîné, rien à faire, ma cervelle est en ébullition.
Pic dam,
Corps en plein déménagement (c’est l’printemps, on s’met au régime), cœur en plein ravalement (on en prévoit un bétonné jusqu’aux ventricules), âme en pleine décoloration (on prévoit à l’avenir des nuances beaucoup plus endurantes) : j’ai l’air d’une pécheresse en plein repentir.
C’est malin, fallait y penser avant toi.
mars 2014
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Par Muse Thalie le 13 Septembre 2014 à 16:24
« C’est du sel ».
Vous le savez bien, de vous à moi, je vous avais donné rendez-vous pour mes 100 ans.
J’ai juste pris les devants.
J’avais oublié tous les mots qui furent ma vie, le présent aplati s’était vidé de tout sens, aujourd’hui ressemblait à hier et demain était pareil. Heureusement que je ne m’en souvenais pas mais vous, vous le saviez, et à nous tous on faisait une douloureuse moyenne.
Vous vous demandiez ce qu’était devenu cet homme bedonnant et malicieux qui vous intimidait un peu.
Oui, je voulais me faire cet honneur-là, l’accrocher à mon veston près de mes autres décorations, et l’arborer fièrement à tous les vents de Beauce et de partout : je voulais fêter mes 100 ans.
Alors, faites comme si mes 100 ans c’était la nuit des temps, faites comme si pour toujours chaque matin je passais un peigne dans l’eau de Cologne de mes cheveux, comme si chaque jour mes gros doigts sur vos épaules ou dans vos pognes vous secouaient trop fort pour vous saluer, comme si pour toujours à chaque Noël je m’enrhumais par les pieds, comme si à jamais je ne disais pas « s’il te plaît », mais réclamais « Ah, c’est du sel ! ».
Car oui, c’est du sel, saupoudré sur vos vies au cours de nos rendez-vous, c’est du sel que j’ai semé en vous comme autant de grains sauvages qui germeront tout au long de votre route.
Je vous ai montré le chemin de vos racines sous mes pieds, cette terre amoureusement foulée, et celles plus profondes encore ancrées dans les chants que je vous offrais.
Car de moi vous vous moquiez gentiment, mais toujours quand je chantais vous vous taisiez, parce que ma voix avait la résonance profonde de tous les hommes que j’ai été : un paysan, un chef de famille, un mari et un père ému, un grand père et un arrière-grand-père amusé.
Oui, je suis peut-être parti rejoindre mon fameux spoutnik ou tout ce qu’il vous plaira d’autre…
Je vous oblige à tourner une page, mais sans doute continuerez-vous à écrire main dans la main ce livre de toutes nos époques, ce livre que nous avons ouvert pour ne plus jamais le refermer.
Alors, ma femme, mes enfants, ma famille, mes amis : il est temps.
Pour la dernière fois, j’abats mes cartes, je cogne, et l’emporte au paradis, ce sel de la vie que nous continuerons à partager.
septembre 2014
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