• ADO

    A comme « A fond ! »

     

    7h53 : l’heure de descendre de notre troisième, de grimper dans la voiture pour déposer Gab au collège, qui est à 3 minutes.

    Ça sonne à 58 : on est large. Speed, comme d’hab, mais large.

     

    D comme Dépit

    J’ouvre la porte de sa chambre : il est assis, bouteille de parfum à la main, main en suspens. Romano sur Skyrock. Le gosse est scotché, et moi …dépitée.

    Brosse à dents dans la bouche, je le secoue un peu : « Dé ’èche-‘oi ! »

    « Oui ». Les yeux dans le vague.

     C’est pas gagné.

     

    Chaussures aux pieds, sac en main, manteau sur le dos :  j’ai chaud.

    Je rouvre la porte. C’est mieux, il est debout.

    « C’est l’heure de partir, Gab ! »

    « Oui ».

    Il va mettre ses chaussures. Je bous.

     

     

    O comme Oculaire

    On a 15 secondes d’avance, du coup on prend l’ascenseur qui est déjà là.

    Gab se replace la mèche devant le miroir. Je le sermone,  un peu,  pour la forme.

    « Alors toi, à 2 minutes de partir, tu écoutes Romano !? »

    Il se tourne vers moi, les yeux révulsés :

    « On dirait que j’ai plus de pupilles… »

    Les points d’interrogation, d’exclamations doivent s’échapper de ma tête en volutes noires car il ajoute :

    « Si ça s’trouve, j’ai plus d’yeux… »

     

     

    …J’aime mon ADO.

     


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  • Errance

     

     

    Depuis le sommet tu dominais les chênes

    Tu n’en peux plus de toi et là tu t’assieds

    Autrefois la rivière sillonnait dans la plaine

    Sous le poids de tes chaînes tu rassembles tes pieds

     

    Tu t’éloignes des heures passées, navrées, écumantes

    Et découvres, sidérée, qu’une vallée obscure

    Enrobe ce qu’il reste des secousses dormantes

    Que tu devinais avant et grimais d’azur

     

    Peu à peu la rengaine et tous ses refrains sombres

    Déambule à tout va sur tes pâles rayons

    Et aussi claire que fût ta lumière, dense est l’ombre

    Tu n’avais pas d’orée, tu n’as plus d’horizon

     

    Que les angles te blessent, ta maison est gothique

    Semblent te murmurer des voix, des souffles et des airs

    Nulle seconde vie bucolique et rustique

    Mais le temps, la douleur, l’isolement, de concert.

     

    Tu n’as jamais été une fille indifférente

    Il y eut tant de détresse au seuil de tes transports

    L’amour ne reste pas quand la femme est errante

    Il ne peut s’ancrer où les possibles sont morts.

    décembre 2018


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  • Boucle

     

    Une boucle d’oreille solitaire se tenait au bord du monde.

    D’aussi loin qu’elle se souvenait, il lui avait toujours manqué quelque chose.

    Et ce petit rien lui chipait l’essentiel : elle ne savait pas encore se lire. 

    Les mots s’étaient pourtant alignés, l’un après l’autre, pendant quarante années.

    Une composition méticuleuse d’émotions et de désirs, sans cesse remisée dans un coin de galée après chaque ajout de caractère.

    Mais ses lettres plombées pesaient lourd au bout de sa dormante et les lignes s’imprimaient à l’envers.

    Ainsi vivotait Boucle en faisant varier ses niveaux de gris.

     

    Un soir qu’elle se trouvait au milieu de ses dissemblables, elle le vit parmi les autres.

    Un objet raffiné, aux contours phasmatiques, une brindille bien élevée et impertinente, qui serpentait, transformiste, dans la scène sous ses yeux.

    Quand il s’approcha d’elle, elle pencha légèrement, car elle doutait beaucoup. Elle doutait souvent de la teneur des choses, de la densité des gens.

    Il se pencha vers elle, car il ne doutait pas, et tandis qu’elle vacillait, il embrassa ses doutes en lui donnant un baiser précis comme un poinçon.

     

    Elle sentit au bout de ses lèvres couler l’encre comme la sève, un noir soutenu qui venait la trouver, la débusquer, révéler ses aspérités, raviver sa lumière.

    D’une esquisse il faisait surgir la forme où les couleurs viendraient se fixer, les rouges sang, jaunes vifs et bleus profonds qui lui avaient tellement manqué.

    La boucle diaphane pouvait enfin s’éclairer, et s’ancrer à l’endroit.

     

    Elle savait maintenant : devant ce miroir entrevu elle se vit danser sur la table et sourit à son reflet.

     

    novembre 2018


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  •  

    Thème 1. Savoir se cacher.

    « Elle arrive, taisez-vous ». On se tait. On réprime quelques rires étouffés. Un silence inattendu se fait. Les enfants observent les adultes, inquiets.

    « Surpriiiiiiiise ! » les flashs, les sourires, les gens…Elle a le rose aux joues la star de la soirée, et peut-être même un nœud dans la gorge.

     

    Thème 2. Savoir s’entourer.

    Verres à la main, les amis ont rejoint le jardin. Campés sur les chaises, la lumière sourd de leur cercle. Clairière au milieu des grands pins noirs, nulle ombre n’y pénètrera ce soir.

     

    Thème 3. Savoir faire peau neuve.

    On a convoqué le beau temps. Qui a eu l’élégance de s’inviter.

    Mois d’octobre : regarder tomber les feuilles.

    S’étourdir du ramage autour, le cœur à vif…Avez-vous déjà perçu sous le collier feu du rouge-gorge, les palpitations éperdues ? Y laisser quelques plumes…

     

    Thème 4. Simplicité.

    Manger des œufs au petit-déjeuner.

    Embrasser un garçon déguisé.

    Caresser l’incertitude en toute sérénité.

     

    Passer de l’automne à l’été.

     

    octobre 2018


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  • Aucun texte alternatif disponible. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Se coltiner la mer, se faire dessécher par le sel, en pleine face se coltiner l'amer en soi, surfer sur la vague-à-l'âme, celle qui n'a plus de fond, se remettre en selle et larguer les amarres...Egotrip.

     

    Aucun texte alternatif disponible.

    Sur la jetée résister aux vents impétueux, tanguer sur les ponts des bateaux ivres, enfin regarder en soi et y prendre le large, tout le large qui saute enfin aux yeux, ce large de soi qu'on avait tellement étriqué, rétréci...mettre les voiles, juste celles qui dévoilent l'essentiel... Egotrip. 


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