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Moteur ? Démarré. Volant ? Agrippé. Sourire ? Forcé.
C’était toujours au moment d’appareiller que ça lui revenait : des années plus tôt la coupe bien nette à la racine, délogée de ses terres rases et brunes puis rempotée en pleine montagne, finalement débarquée avec méthode chaque été sur les mêmes sables brûlants.
Tiraillée écartelée par tant de forces contraires, les élastiques la disloquaient de toute part.
Dis, maman, c’est quand qu’on sait où on habite ?
Prenez une logette charmante mais tout aussi étroite, serrez-y des sœurs des mères et autres grands-mères, et c’était quatre générations qui s’entredévoraient allègrement au rythme des marées… vague d’affection extravagante, ressac d’amour et d’exaspération, houle de mots lourds et de silences assourdissants.
Trente jours de gros temps sous le soleil incendiaire.
Dis, maman, c’est quand on est quitte ?
C’était à chaque fois la même chose…
Il suffisait d’enfiler la clef dans le contact et c’était tout son cœur à corps qui perdait les pédales, le pouls sur l’accélérateur et le moral bien calé sur le frein elle la sentait venir encore une fois la Grande Vibration du Grand Désespoir, l’Affreuse Angoisse de Séparation que nul mamamouchi sorti de la première charmotte venue n’avait jamais réussi à lui faire pschwittt ! disparaître...
Dis, maman, je suis en kit ?
Non, elle n’allait pas refaire le coup du allô maman bobo ou du si maman si…Les places étaient déjà prises, elle ne voulait pas plagier, fallait trouver mieux ou juste s’asseoir sur son séant et céder le passage aux pleurs de cette petite fille têtue qui lui boxait les entrailles à grands coup de solitude.
De malepeur et de mal en pis, ça barderait pour elle encore moult kilomètres, inutile de se raconter des salades.
Dis, maman, quand est-ce que je te quitte ?
Quand on nait nantie de tout ce fourbi de sentiments plus ou moins réglos, à quarante balais, faut assumer.
Ça en faisait des trucs et des bidules à caser dans tous les coins, comme des chaînes et des cadenas un peu partout, pieds et poings liés en quelque sorte, mais bon, les verrous avaient du jeu, et elle voyait clair dedans, elle l’avait encore conséquent, son jugement.
Elle allait conduire sa carcasse sur le chemin du retour et croquer dans le gâteau que maman lui avait glissé en douce dans son sac. Comme on mord à pleines dents dans la vie. Enfin.
Il lui restait pas mal de péripéties à consumer.
Il lui avait fallu attendre la tombée de ses jours pour s’en rendre compte. C’était une femme crépusculaire.
Les rayons du soleil s’étiraient comme des élastiques, elle était prête pour la suite.
septembre 2015
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Les mots violoncelle les mots mouvants
Les mots nos deux arts qui se mêlent accords perdus
S’emmêlent tes mots dans ma vie
Les mots qui s’échangent si bien qui se donnent se révèlent se réveillent enchantés de rencontrer un écho familier
Etonnés, rassurés de tous ces possibles retrouvés tous ces mots
Les mots de tes yeux, ceux que je n’ai pas entendus
Les mots du calme du zen du silence des sourires
Les mots -relation
Les mots-attente,
Soignants…
Bord de mer vélo cheveux dans le vent
Les mots on ira
Les mots voudrais-tu les mots pas sages les mots naufrages
Les mots j’aimerais bien
Les mots ça me ferait plaisir
Les mots-projets
Les mots futur partage, tu verras !
Les mots tombés à l’eau
Les mots ne sont que des mots pour des mots, même si les yeux dans les yeux…
Les mots je ne les croyais pas
Les mots je le savais déjà, les mots morts…
Et moi, l’émoi de ton corps sans mots sans voix et moi qui guettait qui tendait l’oreille pour te deviner te nommer te savoir
Mot à mot, bouche à bouche, corps à corps notre progression était lente mais d’âme à âme je savais bien moi que tes mots emballés n’exaltaient que ta fuite en avant
Les mots soufflés sur ta peau lisse, j’aurais voulu les griffer dans ton dos mais elle était là et observait mes mains, jalouse, et guerrière, louve tapie dans l’ombre de ta vie, je n’ai pas pu…
L’écran des mots l’interface des mots, les mots-filtres de la réalité les mots sont des ballons envoyés dans l’azur
Des mots des possibles, des sans-but, des chimères, des rêves à peine esquissés, pastels trop légers, aquarelles délavées, déjà lavée à peine éclos…
Les mots vagabonds perdus par-delà ton âme…qu’en ferais-je de ces va-nu-pieds, ces nomades qui se perdirent hors de toi le temps d’un rêve éveillé… dis-moi, maintenant, qu’en ferais-je ?
Des confettis…explosion de couleurs, mille et une lettres déchirées fendues lacérées… ?
Un feu de joie pour des mots de paille ?
Un coffre blindé pour des mots sans risque ?
Les mots- relais de ce que nous sommes un jour, incertains, vacillants, les mots-sûrs, les mots trop mûrs, déjà trop tards, les mots dansons sous la lune…
Toi, pantin de plume et d’acier, danse sur les mains sous les rayons de lune, esquisse ta silhouette mouvante dans la nuit brune, et que les derniers mots te soient mouvement vers l’avenir…
Dansons sous la lune, mon…
Les mots filent, hémophiles, les maux restent, et moi je mots dits...
2012
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