• Un homme

    Un homme

     

     

     

     

     

     

     

    C’était un été gris. Il fallait attraper le soleil quand il perçait le ciel, tirer ses rayons jusqu'à soi pour en extraire la lumière.

     

    Il avait dit qu’elle était invitée. Chez sa sœur, avec toute sa famille. Ce serait un barbecue.

    Ils s’étaient réveillés avec le trac, tous deux posés là sur le seuil d’une nouvelle page de leur histoire.

    Elle n’osait y croire vraiment. Il se demandait encore si…

    Mais ils étaient montés en voiture, tous les quatre, ses enfants à lui à l’arrière, elle dans ses petits souliers, lui dans ses pensées.

     

    Ils l’avaient accueillie comme s’ils la connaissaient déjà.

    Il avait insisté, en riant, pour qu’elle se place à table entre lui et Marc. Assise là à côté du chef de famille, elle avait eu du mal à se sentir à l’aise. Elle se disait que lui aussi peut-être, ne savait pas trop comment se conduire avec cette nouvelle-venue que lui amenait son beau-frère.

    L’homme ne lui parlait pas, mais lui servait du vin. Elle l’observait du coin de l’œil pendant qu’il jetait le sien sur son téléphone à intervalles réguliers, suivant peut-être le foot. Elle avait alors pensé à son père qui se laissait souvent distraire par les sirènes  virtuelles quand le bouillonnement familial était trop vif.

    Marc se levait de table et surveillait la viande, qu’il servit tendre et relevée. Tout le monde se régalait, il racontait son boucher qui avait du savoir-faire, lançait quelques boutades, et sa femme se froissait pour la forme.

     

    Le dos chauffé par le soleil, le corps détendu  par la générosité du repas, son âme à elle se réchauffait aux rires de cette famille de bonne humeur.

     

    Marc houspillait ses fils assis à l’autre bout de la table. Ils se laissaient faire, lui lançant à la dérobade des regards agacés. Son homme à elle taquinait Marc avec ses bons mots, et une joute verbale fraternelle s’était engagée. Marc souriait, et les yeux de son homme pétillaient.  

     

    Le soleil avait tenu bon. Les langues se déliaient dans la douceur du soir. Les cousines sautaient sur le trampoline. On charriait Marc qui avait besoin d’une sieste, et le bébé dormait dans la poussette à ses côtés.  On se levait de table, on étirait ses membres, on discutait.

     

    C’était un été gris mais ce jour-là, il avait pris des teintes irisées. Le bleu avait grignoté le ciel toute la journée, et le soleil brillait pour toujours sur cette journée.

     

    12 février 2016

     

     


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